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Contenus TV en Afrique : entre productions locales et plateformes internationales
Un contexte propice à l’émergence de nouveaux contenus, pour lesquels la demande est forte, en télévision comme sur les plateformes OTT.
Contenus : adaptations et créations, le local se renforce
De nouvelles offres de programmes voient le jour sur le continent africain. Connue pour ses fictions locales – notamment les soap operas - la production audiovisuelle africaine se développe, évolue et les budgets s’amplifient. Le continent s’ouvre aux formats internationaux : après Got Talent, Gogglebox et The Voice, les Africains peuvent désormais apprécier les versions locales de My Kitchen Rules ou Dancing with the Stars qui réalisent toutes des succès d’audience. Certaines adaptations soulignent la volonté des pays africains d’étoffer l’offre de divertissement. Ils s’inspirent notamment de formats issus de pays généralement fournisseurs de telenovelas : l’Afrique du Sud et le Maroc ont ainsi produit une version locale du divertissement brésilien Coke Studio Maroc, dans lequel des musiciens réorchestrent les thèmes musicaux traditionnels. Des thématiques plus sérieuses comme le suspense apparaissent en Afrique du Sud avec le thriller iNumber Number (Mzansi Magic), inspiré du film éponyme, dans lequel un policier risque sa carrière pour son meilleur ami. Evoquons aussi Tjovitjo (SABC 1), l’histoire d’un enfant abandonné qui, devenu malfrat à l’âge adulte, recherche ensuite la rédemption et une place dans sa communauté via la danse. Ce programme figurait dans le top 5 en Afrique du Sud en 2017, et a fait l’objet d’un buzz intense sur les réseaux sociaux. Les telenovelas familiales (The Queen, Ma Grande Famille…) sont toujours massivement programmées par les chaînes africaines. Toutefois de nouvelles dramedies apparaissent également avec des éléments politiques et une approche plus réaliste. Au Maroc, la comédie Al Moundir Laam (Al Aoula) suit le renouvellement d’une chaîne de TV sur internet à travers la vision et les directives du directeur général. En Côte d’Ivoire, Top Radio (RTI 1) s’attache au quotidien du nouvel animateur d’une radio populaire en déclin, convoitée par deux politiciens à l’approche des élections. Dispositif original dans la création africaine, les producteurs de cette série ont eu recours à un concours de jeunes talents pour sélectionner les scénaristes du programme.
Plateformes OTT : une offre plurielle qui se consolide
En phase avec la tendance mondiale, les plateformes de vidéo se déploient en Afrique. Offrant l’accès à un contenu aussi bien panafricain qu’international, elles ont su faire face à des infrastructures souvent inégales en termes de développement et de qualité. Le marché est actuellement composé d’acteurs locaux, d’offres proposées par les opérateurs télécom - Black pour Cell C ou Nuvu pour Airtel – et des géants Netflix et Amazon Prime Video présents depuis 2016 sur le continent avec leurs programmes mondiaux. Jusqu’à présent, les plateformes américaines proposent à leurs clients africains la même offre que pour le reste du monde. Les autres services internationaux qui les talonnent – iflix, Showmax – ont mis en place des dispositifs permettant au plus grand nombre d’avoir accès aux contenus. Au premier chef la possibilité de télécharger des programmes pour les regarder hors-ligne afin de contourner le réseau mobile parfois lacunaire ; une technologie que Netflix a mis en place plusieurs années plus tard à l’échelle mondiale. Ils proposent également des possibilités de paiement incluses dans la facture de téléphone/Internet des entreprises de télécommunications locales. Après des débuts foisonnants, on observe depuis deux ans une consolidation du marché. Alors que de petites plateformes ont disparu (Afrostream, Wabona, PanaTV), les offres plus significatives se sont renforcées (iflix, ShowMax, iRokoTV), notamment à travers des partenariats. Après un partenariat entre Kwesé et Netflix, l’offre Kwesé Play a vu le jour en Afrique sub-saharienne, proposant l’accès à une centaine de chaines Roku y compris Netflix, YouTube, et Red Bull TV. Econet Media – maison mère de Kwesé – et iflix Africa ont collaboré à la création de l’application mobile Kwesé-iflix, qui propose du contenu issu des catalogues des deux géants. Canal+ et iROKOTV ont lancé iROKO+, une offre en langue française. Enfin, Trace a acquis Buni.tv et lancé Trace Play au-delà du continent africain. En parallèle, de plus petites plateformes locales émergent sur smartphone, l’écran le plus adapté au marché et aux habitudes. Citons notamment ReelAfrican, Tuluntulu, DEOD, iBAKATV, UN1TY, Afrinolly, NdaniTV, qui se positionnent sur des niches comme les films Nollywood, les drames, ou les programmes de news et divertissement. En pleine mutation, le marché africain démontre pour l’heure que les acteurs locaux, du fait de leur connaissance du territoire, de ses infrastructures et des habitudes de sa population, peuvent proposer de solides alternatives aux géants américains qui n’ont pas les mêmes stratégies locales pour pénétrer le marché. Pour autant, Netflix et Amazon ne semblent pas souffrir de la concurrence des plus petites plateformes locales qui touchent un public différent, avec moins de moyens à consacrer au divertissement vidéo, créant de fait une cohabitation des services favorable à la consolidation du marché des plateformes africaines.
Laure Osmanian Molinero
Source: Eurodata TV Worldwide
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