Les Français fous de radio

Audience le mag
Quatre fois par an, l’heure du gong sonne sur la grand-place du marché des radios quand Médiamétrie publie le bilan des audiences
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Si le palmarès des stations connaît parfois de gros changements et que les tops et les flops des émissions font toujours le buzz, le comportement des auditeurs, lui, ne connaît pas de tels à-coups. De fortes tendances de fond demeurent, tandis que de nouvelles émergent.

UN MEDIA FEDERATEUR

43,3 millions d’auditeurs de 13 ans et plus chaque jour de semaine… Des adeptes d’une moyenne d’âge (46,4 ans) à l’aune de l’âge moyen de la population de référence (47,1 ans). La radio, avec près de 900 opérateurs, plus de 7 000 fréquences sans oublier les milliers de Web Radios, reste un média transgénérationnel fédérateur, en dépit de la concurrence élargie de la télévision, des sites Internet et applications mobiles. Huit personnes sur dix l’écoutent quotidiennement du lundi au vendredi. Le média, fondé sur l’information, la musique, le divertissement et la proximité, se consomme autant à domicile qu’ailleurs. La mobilité fait d’heureux ravages : plus de la moitié du volume d’écoute de la Radio se fait en dehors du domicile. Et ses auditeurs lui sont très fidèles : près de la moitié des auditeurs l’écoutent même chaque jour. «Le média a su bien résister au développement des autres médias », analyse Julie Terrade, Directrice de pôle au département radio de Médiamétrie. La radio rassemble, en effet, 81,8% des individus de 15 ans et plus en septembre 2013 - mars 2014 au lieu de 79,4% il y a vingt ans (sept. 1993 – mars 1994) avec un record à hauteur de 85,7% il y a 11 ans (sept. 2002 - mars 2003).

PRES DE 3 HEURES CHAQUE JOUR

Si, précisément, le temps passé à écouter la radio a diminué depuis 1993 (la durée quotidienne était alors de 3h12), cela fait dix ans que cette durée reste stable, voire progresse, la consommation frôlant le seuil des trois heures quotidiennes (2h57 en septembre 2013 - mars 2014 soit 5 minutes de plus qu’il y a 10 ans sur la base des 13 ans et plus). Notons toutefois que la population hexagonale augmente d’une année sur l’autre. « Sur la période Septembre 2013 - Mars 2014, il y a 1,4 million d’auditeurs de plus qu’il y a dix ans chaque jour de semaine, souligne l’experte médias. Le chiffre de 43,3 millions d’auditeurs est un record historique sur la période, en valeur absolue. »

ESSOR DE L’ECOUTE EN MOBILITE

Le succès massif du média s’explique par de multiples facteurs, décrypte Julie Terrade : « C’est un média gratuit. Il est largement accessible, et encore plus aujourd’hui grâce à l’évolution des supports numériques. Il est également facile à consommer. Et, depuis déjà longtemps, on peut l’écouter en mobilité. Sans avoir profondément révolutionné son offre, le Média Radio a plutôt bien résisté à l’évolution et à la densification du paysage médiatique témoin de l’explosion d’Internet dans les années 2000, du lancement de la presse gratuite en 2002, de l’arrivée de la TNT en 2005, puis de l’émergence des offres de streaming audio en 2008. »

AUTORADIO, HIFI ET TRANSISTOR, TRIO DE TÊTE

Les Hexagonaux sont bien plus mordus de radio qu’on ne l’imagine! Ils disposent en effet dans leur foyer de dix supports permettant d’écouter la Radio: 9,6 exactement, selon l’étude ad hoc réalisée par Médiamétrie en février 2013.

Cela ne signifie pas que le transistor est omniprésent. 49% des individus, pas davantage, bénéficient de pareil poste. 84% ont un auto-radio, 73% une chaîne hifi et 70% un radio-réveil. Les supports numériques, quant à eux, sont de plus en plus présents dans les foyers, multipliant ainsi les possibilités de contact avec la radio. Plus de 8 individus sur 10 peuvent accéder à tout moment à leur station favorite sur Internet via un ordinateur à domicile. Près de 7 individus sur 10 disposent d’un téléphone recevant la radio (en FM, via un site ou une application), 37% d’un baladeur recevant la radio, 25% d’un Dock ou d’une station d’accueil avec tuner FM et plus d’1 sur 5 d’une tablette digitale. 

Tous les équipements ne sont pas utilisés avec le même engouement et ne génèrent pas autant de contacts. Parmi les supports disponibles dans le foyer, les Français utilisent d’abord leur autoradio (qui génère 29% du volume d’écoute de la radio, 37% chez les actifs), en deuxième lieu leur chaîne hifi, le transistor arrivant en troisième place. 

Pour autant, les supports numériques sont de plus en plus utilisés, notamment par les plus jeunes. Les auditeurs de 13-19 ans, eux, raffolent surtout de leur téléphone mobile, les 20-34 ans aussi mais également de l’ordinateur. Au total, sur un jour moyen de semaine, près de 12% de la population écoute la radio sur un support multimédia, soit 6,3 millions d’individus 13 ans et plus. Presque trois fois plus qu’en 2009. Ce phénomène contribue désormais pour 12,1% au volume d’écoute contre 3,4% en 2009. Ce n’est qu’un début, la 4G va probablement continuer à favoriser l’essor de l’écoute sur téléphone.

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MUSIQUE ET INFORMATION EN TÊTE DES MOTIVATIONS D’ECOUTE

Si les programmes des stations ont au global un tel succès, c’est notamment parce que la radio peut accompagner le public dans ses nombreuses activités et ses divers lieux de vie. La radio s’écoute à domicile la moitié du temps (49%). Le reste se déroule essentiellement en voiture, mais aussi au travail ou ailleurs, c’est-à-dire pendant les multiples déplacements.

Les motivations d’écoute sont variées et se conjuguent. La musique apparaît primordiale (59% des motivations d’écoute, relativement stable par rapport à 2006/2007 avec 62%). L’information attire presque autant (55%). Les informations pratiques de la vie quotidienne ne sont pas en reste, la météo et la circulation intéressant plus d’un tiers des individus (35%). Quant aux programmes de divertissement, ils sont des moteurs d’attractivité pour 19% des auditeurs.

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Au final, 21,9 millions d’auditeurs sont branchés sur les stations musicales, 20,3 millions sur les généralistes. « Les musicales dominent toujours mais l’écart avec les généralistes s’est réduit depuis dix ans, observe l’experte de Médiamétrie. Malgré cela, les musicales continuent d'enregistrer d’excellentes performances en atteignant, à périmètre constant depuis septembre 2012, leur plus haut niveau d’audience cumulée en janvier – mars 2014 » observe Julie Terrade. L’audience cumulée des musicales s’élève désormais à 41,3% (contre 45,4% dix ans plus tôt mais avec un périmètre différent) et les généralistes atteignent 38,4% (contre 37% il y a dix ans).

Autre évolution : les programmes locaux, qui fédèrent plus de 10 millions d’auditeurs, attirent de plus en plus d’auditeurs au fil des années : 19,9% de couverture aujourd’hui contre 17,5% il y a dix ans.

Les stations thématiques (fondées sur l’information non-stop, la culture et la musique) qui ferment le ban conservent le même taux de motivation. Un phénomène persiste : la forte durée d’écoute des stations généralistes (2h39 chaque jour) qui accaparent le public au quotidien près de 50 minutes de plus que les musicales (1h52).

LA FORCE DES MATINALES

« La radio demeure un réveil-matin, décrypte Julie Terrade. Les chaînes télé et les sites et applications mobiles concurrents ne l’ont pas empêché de gagner de nouveaux auditeurs ». C’est vrai pour les musicales comme pour les généralistes qui doivent leur progression aux matinales. En dix ans, l’audience moyenne à 8 heures, pic d’écoute en semaine, est passée de 25,2% à 27%, preuve du succès des matinales, qu’il s’agisse de stations généralistes, musicales, etc. » précise l’experte. La vie active impose, en effet, son tempo. A ce moment-là, 14,3 millions d’auditeurs sont au rendez-vous. Le prime time de la radio, lui, couvre la tranche 6-9 heures. Tout simplement quand jeunes et adultes s’activent pour gagner leur lieu d’études ou poste de travail. 66% des auditeurs de 13 ans et plus sont à l’écoute.

Le média mobilise aussi près d’un auditeur sur deux (49%) entre 9 et 12 heures, presque autant l’après-midi (47% de 14 à 18 heures). Même en fin d’après-midi, où la fréquentation est moindre, le score n’a rien de ridicule (31% de 18 à 20 heures). Le tournant se produit en fait à 18 heures quand la télévision prend l’avantage et se dirige vers son prime time.

Marc Pellerin

Sources : Médiamétrie – 126 000 Radio (Septembre 2013 – Mars 2014) ; Panel Radio 2013/2014 – Panel Radio Premium 2012/2013 - Global Radio Volet 2 (Septembre – Octobre 2013) ; Etude Ad’Hoc Équipement Radio (Février 2013)

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