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Jeunes et bénévolat : les moteurs de l'engagement
Aujourd’hui, plus d’1 jeune sur 5 est engagé bénévolement dans le domaine associatif. Pour quelles causes souhaitent-ils se mobiliser ? Quels sont les leviers de leur motivation ? L’entreprise a-t-elle un rôle à jouer pour promouvoir l’initiative bénévole ? Pour mieux comprendre ces ressorts, l’équipe SolidaiMe de Médiamétrie a conduit une étude auprès des jeunes de 15 à 34 ans. Audience le Mag se penche sur les résultats.
La solidarité et l’entraide au premier plan
Pour les 15-34 ans, l’engagement bénévole évoque des actions concrètes de soutien en faveur des autres : interrogés sur les notions qui leur viennent à l’esprit, plus d’1 sur 3 (35%) mentionne spontanément la solidarité et l’entraide. 18% parlent d’altruisme, de générosité et de partage. Lorsqu’on leur propose des représentations précises de l’engagement associatif, près de 8 jeunes sur 10 y voient un moyen de soutenir une cause ou d’aider les autres. Plus de la moitié envisagent également l’engagement comme la possibilité de créer du lien social et de favoriser des rencontres autour d’intérêts communs. 1 jeune sur 3 pense que c’est une façon de donner du sens à sa vie. A noter que pour une très faible minorité, s’engager est perçu comme quelque chose d’inutile (un peu plus d’1 jeune sur 10) ou est considéré comme une perte de temps.
En se penchant sur la réalité de l’engagement, l’étude indique que plus d’1 jeune sur 5 (22%) s’investit bénévolement, dans une voire plusieurs associations. Un chiffre en hausse, puisqu’ils étaient 15% par le passé.
L’envie d’être utile et la cause défendue, moteurs d’engagement pour les jeunes
L’étude apporte un éclairage sur les leviers de motivation des jeunes qui reposent sur deux axes principaux : avant tout l’envie d’être utile, citée par près de la moitié des personnes investies ; puis le domaine de l’association, exprimé par plus de 45% des bénévoles. La cause défendue par l’association tient une part croissante dans la démarche d’engagement bénévole. Les associations dont les jeunes bénévoles sont membres poursuivent des objectifs variés, pour beaucoup dans les domaines de la solidarité et de l’entraide. Près de 12% des jeunes bénévoles sont actifs au sein d’associations en faveur de la santé, la recherche médicale ou l’aide aux malades ; une part en baisse : ils étaient 19,2% auparavant. Juste derrière, en nette progression, on retrouve l’engagement pour l'environnement, la réduction des déchets, et le gaspillage alimentaire - avec 11,4% des jeunes bénévoles contre près de 9% par le passé. Suivent l’aide aux jeunes en difficulté (9,9%), la lutte contre la précarité (9,7%), et la solidarité nationale ou internationale (9,4%).
Les jeunes, des bénévoles à fidéliser
Les durées d’engagement au sein d’une association sont très variables et généralement relativement courtes. Près d’1 personne sur 2 est engagée depuis 1 an ou moins ; seul 1 bénévole sur 8 l’est depuis plus de 5 ans. Lorsqu’on interroge les jeunes qui ont autrefois fait partie d’une association, près de 3 sur 10 déclarent y être restés entre 6 mois et 1 an.
Quels facteurs poussent les bénévoles à cesser leur action ? Plus de 3 sur 5 invoquent le manque de temps et 3 sur 10 (28%) un déménagement. Les autres raisons, moins citées, tiennent notamment au format du bénévolat ou au mode d’organisation de l’association.
Les leviers de mobilisation
Pour réussir à mobiliser les jeunes, l’étude SolidaiMe s’est aussi intéressée à ceux qui ne s’engagent pas dans le bénévolat. D’autant que lorsqu’on les questionne sur leur envie de s’investir dans une association, près de 3 sur 5 (60%) répondent par l’affirmative.
Pour eux, le manque de temps constitue le principal obstacle : près de 3 sur 4 le mentionnent. Plus d’1 sur 3 indique que l’occasion ne s’est pas présentée, et 16% disent ne pas connaître d’association près de chez eux.
Voici des pistes de réflexion pour les associations ! Qu’est-ce qui stimule l’envie de s’engager chez les jeunes ? Se rendre utile, le format de l’engagement, un surcroît de temps libre et le domaine de l’association sont les principaux leviers de l’engagement pour au moins 4 jeunes sur 10. Ils envisagent le plus souvent un engagement en extérieur ou sur site, pour mettre à profit leurs compétences professionnelles et défendre concrètement les causes qui les touchent.
Plus de la moitié des jeunes (53%) aimeraient s’engager pour une cause environnementale. Près d’1 sur 3 se tournerait vers la défense des droits et des causes, l’aide aux jeunes en difficulté et enfin la santé.
En termes de fréquence d’engagement : plus de 3 jeunes sur 4 plébiscitent un engagement régulier, 1 fois par mois ou plus.
Le monde de l’entreprise peut faciliter et favoriser ces démarches : 71,3% des jeunes actifs seraient intéressés si leur entreprise proposait un partenariat avec une association. On observe d’ailleurs une tendance de fond à la mobilisation des entreprises dans ce domaine, comme le prouve la signature d’un manifeste de mécénat de compétences en janvier 2019 par 17 grandes entreprises (Cf article Les Echos 20/01/2019). De même, les derniers chiffres clés 2018 du « Baromètre du Mécénat d’entreprise » de l’Admical (Association pour le Développement du Mécénat Industriel et Commercial) soulignent une augmentation significative du mécénat de compétences, ce qui résonne fortement avec le besoin de sens et d’engagement exprimé par de plus en plus de salariés.
Depuis 2017, les équipes de Médiamétrie s’engagent auprès de 6 associations : La Fédéeh, Le Chaînon Manquant, Les Petits Frères des Pauvres, Pik Pik, Proxité et Singa, dans le cadre d’un programme de mécénat de compétences sous l’appellation SolidaiMe. Après la réalisation d’un baromètre sur les moteurs de l’engagement des bénévoles de 3 associations partenaires, l’équipe SolidaiMe a conduit fin 2018 cette nouvelle étude sur l’implication des jeunes de 15 à 34 ans dans le milieu associatif. Une étude qui a mobilisé bénévolement des collaborateurs de toutes les entités de Médiamétrie.
Morgane Souchaud, Responsable Parrainage de Proxité, compte bien s’appuyer sur les enseignements du baromètre : « Cette étude nous permet de nous rendre compte de notre notoriété auprès des jeunes. Grâce aux questions posées nous pouvons avoir des pistes sur le discours à tenir et quels axes mettre en avant dans notre communication pour toucher de potentiels bénévoles dans cette classe d’âge. »
3 questions à David Chaillot, Responsable d’études et de clientèle et Juliette Carpentier, Chargée d’études à Médiamétrie, membres de l’équipe SolidaiMe
Pourquoi une enquête auprès des jeunes ?
Le public jeune est stratégique pour deux raisons principales :
- Les jeunes d’aujourd’hui sont les adultes de demain : comprendre leurs attentes en matière d’engagement bénévole peut aider les associations à les attirer et les garder.Si le monde associatif est ancré dans le quotidien des jeunes, les chances qu’ils en restent proche tout au long de leur vie seront bien plus grandes ! Ils pourront également s’impliquer pour des durées plus longues et sur des missions plus structurantes pour les associations.
- Les jeunes disposent, de façon générale, de plus de temps que les adultes qui exercent une activité professionnelle, ont des enfants : leur emploi du temps est souvent moins chargé, les congés plus longs. Leur disponibilité permet de les impliquer sur un plus grand nombre de missions ou sur des missions plus engageantes en termes d’investissement.
Par ailleurs, près de 60% des jeunes qui ne sont pas engagés ont envie de le faire. Leur potentiel est donc énorme !
Comment expliquez-vous la progression des actions en faveur de l’environnement ?
Les actions en faveur de l’environnement s’intensifient à mesure que la prise de conscience grandit.
Cette dernière est globale, mondiale. On peut le constater au travers de nombreuses variables sociétales : la montée en puissance des partis écologistes dans de nombreux pays, l’engagement de personnalités pour des causes environnementales, les multiples marches pour le climat, les évolutions alimentaires qui tendent vers une alimentation plus « verte » …
Sans compter qu’il s’agit d’un sujet désormais omniprésent dans les médias et qui réunit de plus en plus d’individus, démunis face aux désastres écologiques qui ne cessent de croître.
Les jeunes sont souvent le moteur de ces actions. Et pour cause, il n’y a pas de planète B, ces derniers l’ont bien compris. Cette année, de nombreux lycéens à travers le monde ont manifesté les vendredis pour la protection du climat, portés par l’adolescente suédoise Greta Thunberg. Le 15 mars 2019, ils étaient entre 1,5 et 2 millions à travers 123 pays. Les raisons de cette mobilisation sans précédent sont tout à fait compréhensibles : c’est leur avenir qui est en jeu !
Cette prise de conscience s’accompagne souvent d’un besoin de se sentir utile, et l’engagement associatif est un moyen d’y répondre. A noter que notre enquête a été réalisée avant ces évènements, ils n’ont pas pu impacter les résultats.
Cette étude permet-elle d’identifier les leviers pour mobiliser les jeunes à s’engager ?
En partie, oui. L’objectif principal était de mieux comprendre la relation des jeunes à l’engagement bénévole, et en certains aspects, cela nous a permis d’identifier des leviers d’engagement auprès des jeunes : l’envie d’être utile, le format de l’engagement (en extérieur, à domicile, etc.), le domaine de l’association et les missions proposées notamment. Autant d’éléments sur lesquels les associations peuvent construire leurs actions de bénévolat pour attirer les jeunes.
Laure Osmanian Molinero
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